L'actualité

Bruno Roy, président du Comité des orphelins de Duplessis, 
à la tête d'une manifestation en février 1999, à Montréal.
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"Faire des excuses, a dit le cardinal Turcotte à la conférence de Presse du 15 septembre dernier, c'est perdre notre temps". C'est une chose de refuser, c'en est une autre de le faire avec mépris et mensonge volontaire. Bref! 

Malgré la gifle brutale et méprisante de l'Église catholique qui refuse d'exprimer des excuses et donc de reconnaître ses torts, nous poursuivrons notre lutte difficile. Nous sommes en ce moment à établir avec le bureau du Premier ministre les modalités d'une rencontre avec monsieur Bouchard, rencontre qu'il a acceptée à ma demande. Cette rencontre doit nous sortir de l'impasse dans laquelle le gouvernement du Québec a mis les oprhelins de Duplessis Si, rencontre ou pas, l'impasse est maintenue, il nous faudra conclure à la fin des négociations avec le gouvernement du Québec. La rupture sera alors totale. La société distincte de l'injustice sera chose faite. 

Devant l'échec d'un règlement hors-cour, y a-t-il d'autres recours?  Bien sûr, nous avons déjà commencé à les évaluer. Devons-nous retourner à la Cour? Si oui, comment? Des pistes existent mais il ne faut pas refaire les erreurs du début. Devons-nous aller du côté d'une enquête royale du Canada? La province de Terre-Neuve, par exemple, a commandé et obtenu une enquête royale. Ce qui, dans leur dossier, leur a permis un règlement sur la base d'une indemnisation pour chacune des victimes. Certains m'ont proposé d'aller à l'ONU. Il faut savoir qu'avant d'aller à l'international, il faut avoir épuiser tous les recours dans son propre pays, telle l'enquête royale du Canada, par exemple. 

Certains d'entre vous l'ignorez, mais au début de septembre 1999, en Colombie-Britanique, un important jugement de la Cour suprême a déclaré que le gouvernement fédéral et l'Église anglicane sont conjointement responsables pour les abus subis par un jeune autochtone. À ce que je sache, ce ne sont pas tous les prêtres anglicans de la province qui ont l'ont agressé, pourtant l'Église, en tant qu'institution, est responsable. Ce jugement est véritable un espoir pour notre dossier. Selon le juge, 60% du blâme revient à l'Église anglicane et 40% au gouvernement fédéral. L'Église est blâmée plus sévèrement car elle savait que ces abus avaient eu lieu et qu'elle a tenté de les dissimuler. Qu'attendent les autorités compétentes du Québec? Dirigeants religieux, médecins et politiciens étaient au courant des faux diagnostics. 

Dans un esprit d'ouverture mais sans naïveté, les orphelins de Duplessis ont annulé le boycot de la quête qui avait été prévu le 3 octobre dernier. Ils ont demandé une rencontre aux représentants de l'Assemblée des évêques afin de leur présenter des preuves historiques (documentaires) attestant de l'authenticité de leur point de vue. Ils ont également profité de l'occasion pour souligner qu'il n'a jamais été question, dans leur recherche de justice, de mettre en cause l'oeuvre historique et le dévouement des religieux et religieuses du Québec. Ils ont également précisé que leur dossier n'est pas centré sur "la question des agressions sexuelles dans un milieu systémique de violence" ainsi que les évêques l'ont laissé entendre lors de la conférence de presse du 15 septembre dernier. Ce qui a été systémique, ce sont les faux diagnostics, l'intemement illégal, la main d'oeuvre gratuite, l'absence d'instruction. À ce jour, à leur demande de rencontre, il n'y a pas eu de réponse affirmative. 

Quant au Collège des médecins, il tarde, au nom de la profession, à annoncer ses excuses, sinon ses regrets. Leur silence est lourd d'interrogations. Les orphelins de Duplessis ne les ont pas oubliés. Ils attendent un moment propice pour intervenir. 

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