----- | ALLOCUTION DE DR DOMINIQUE BÉDARD
C'est sans la moindre hésitation que j'ai accepté d'être membre de ce comité, car je suis de ceux qui croient que justice n'a pas été rendue aux orphelins de Duplessis. Il fut une fois des élus, nos gouvernants de l'époque, qui décidèrent non seulement de priver des enfants, orphelins catalogués illégitimes, de toute forme d'éducation et de scolarisation, mais aussi de doubler cette aberration en les internant dans des asiles. S'y ajoutent alors à la décision des maîtres d'oeuvre, la complaisance médicale et la complicité des communautés religieuses. Et cette oeuvre odieuse devient truffée de bavures "comportementales" envers ces enfants. Voilà ce qui s'est passé dans les années quarante et cinquante. Personne ne peut nier cette réalité vécue par les orphelins de Duplessis. En donnant une valeur magique à l'explication, on tente cependant de le faire et à défaut d'y parvenir, d'en minimiser l'importance. C'est un phénomène sociologique de l'époque ! ou encore, autres temps autres moeurs ! dit-on. Mais la réalité, on ne peut la nier : le gouvernement, des médecins et des communautés religieuses ont erré gravement : les enfants de Duplessis ne constituent pas un mythe.
Dans le cas du Mont-Providence, nous disions: " La Commission est convaincue que des centaines de malades continuent d'habiter nos hôpitaux mentaux, alors que leur état mental ne requiert pas l'hospitalisation." (p. 132). L'attitude des Evêques ne tient pas. Il est faux de prétendre que convenir des erreurs des religieuses, c'est renier l'authenticité de leurs missions et de leurs oeuvres. Ainsi, même si dénonçons le sort fait aux enfants de Duplessis, nous ne nions pas pour autant le dévouement et la générosité de religieuses à leur égard. Quant au Collège des médecins du Québec, il doit faire état de son sens des responsabilités, d'abord, en convenant de l'émission de faux ou de pseudo certificats médicaux par plusieurs de ses membres. L'Église et le Collège doivent se ressaisir et rendre justice aux orphelins de Duplessis. Et ce faisant, ils faciliteraient la tâche du gouvernement de faire davantage. Les enfants de Duplessis ont été victimes d'une grave injustice. Et aujourd'hui, à moins d'un changement majeur, ils seront victimes d'une autre injustice, plus grave à certains égards: le refus d'une reconnaissance "pleine et entière" de la première.
|
----- |