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Présentation

Par l'existence de cette rubrique, nous voulons rectifier les points de vue et corriger les trop nombreuses affirmations erronnées qui circulent dans notre dossier dans le cadre d'un révisionnisme historique douteux. Les extraits que vous allez lire (sorte de rappel historique) ont la particularité d'appartenir aux années 40 et 50 et s'appuient sur des rapports, études, correspondance, articles ou livres de la même époque. Le commentaire des sociologues ou des historiens (regard plus scientifique) complète la rubrique. Pour la première fois, la population peut avoir accès à une information factuelle et rigoureuse.

L'histoire comme témoin:
d'hier à aujourd'hui

1. L'Église: les valeurs de l'époque ou une force d'encadrement
2.Les filles-mères: forcées d'abandonner leurs enfants
3. L'orphelinat, l'asile ou la rue
4. L'éducation: une priorité pour la société
5. Le dévouement des religieuses
6.Main d'oeuvre à bon marché
7. Un milieu systémique de discrimination
8. Un négociateur puissant: le cardinal Léger
9. Détournement de subventions
10. La charité... mystification capitaliste
11. Gestes criminels et actes illégaux
12. Les autorités savaient...
13. Les chicanes féderales/-provinciales:
soumission forcée ou complicité?
14. De faux diagnostics?
15. Les connaissances scientifiques de l'époque
16. La reconnaissance des torts

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L'histoire comme témoin :

d'hier à aujourd'hui

L'État a trop d'enfants
pour être bon père.

Clémenceau, cité par
Maurice Duplessis
(Le Devoir, 17 mai 1944)

1. L'Église: une force d'encadrement ou les valeurs de l'époque

"Le passé ne pourra jamais être refait."

Lucien Bouchard, Premier ministre, Déclaration à l'Assemblée nationale, 4 mars 1999

"On ne peut, hélas, refaire l'histoire."

Mgr Pierre Morissette, Président de l'Assemblée des évêques, Déclaration, Cap-de-la-Madeleine, 15 septembre 1999


Mais aussi longtemps que les enfants devront être admis à l'aveuglette i.e. que les institutions garderont l'autorité qu'elles possèdent maintenant pour acquérir les moyens de l'exercer adéquatement, une importante proportion de ces "placements" resteront nuisibles aux institutions et surtout aux enfants "placés".

Gérard Pelletier, "Histoire des enfants tristes", Le Devoir, 30 juin 1950, p.4


Car, quoi qu'on pense, aucune équipe d'enquêteurs, aussi importante puisse-t-elle être, ne peut coûter aussi cher à la société que la politique de non-ingérence des autorités gouvernementales dans le domaine complexe de la charité publique".

Alice Poznanska (Parizeau), "La protection de l'enfance: un sujet interdit", Cité libre, mai 64, p.21.

Dans une société moderne chaque enfant a le droit de recevoir l'enseignement le plus approproprié possible à ses aptitudes, à ses intérêts... et ce droit ce sont les pouvoirs publics qui ont la responsabilité d'en assumer la réalisation.

Guy Rocher, sociologue, cité par Solange Chalvin, Des centres résidentiels pour, l'enfance exceptionnelle et une véritable collaboration des ministères, Le Devoir, 16 mai 1966.

Notre système d'enseignement ayant été conçu de façon aristocratique, il ne s'est jamais penché sur l'enfant retardé, déficient, même notre système public l'a oublié. On l'a laissé doubler, tripler ses classes sans pour cela s'inquiéter, puis un beau jour, on l'a placé en institution pour s'en débarasser.

Solange Chalvin, Des centres résidentiels pour l'enfance exceptionnelle et une véritable collaboration des ministères, Le Devoir, 16 mai 1966.

"Enfin, l'Eglise s'affirme comme une force d'encadrement et de définitions idéologiques. (...) Quoi qu'il en soit, la capacité d'encadrement est considérable: en 1941, on compte un religieux, homme ou femme, pour 87 fidèles catholiques, ce qui représente un sommet".

Linteau et al. Histoire du Québec contemporain, (Le Québec depuis 1930), Montréal, Boréal compact, tome 2, pp.94-95 et 97.

La dominance des congrégations reposait ainsi sur la longue tradition d'absentéisme de l'Etat, de paternalisme et de monopole du clergé dans tous les domaines du social, et ce au nom de la charité chrétienne, du maintien de la langue, de la race et de la foi catholique. Aussi longtemps que la "normalité" de cet état de choses n'était pas remise en question, le système pouvait se perpétuer.

Françoise Boudreau, De l'asile à la santé mentale, Editions Saint-Martin, 1984, p.58.

Admises volontairement à la Miséricorde, les pensionnaires s'y trouvaient bientôt séquestrées et soumises à une stricte discipline. [...] Même si 53% des internes avaient plus de 21 ans, elles étaient toutes considérées comme des mineures. Les visites étaient contrôlées, la correspondance, censurée. [...] Le statut d'une célibataire enceinte s'apparentait non seulement à celui d'une enfant mais aussi à celui d'une criminelle. Si le père de l'enfant était complice, la mère était donc coupable. En réalité, bien qu'assimilées aux criminelles, plusieurs de ces femmes étaient elles-mêmes victimes de crime. [...] Quelles que soient les circonstances entourant la grossesse d'une célibataire, on prenait le plus grand soin pour protéger le monde extérieur de sa présence. Une fois admise dans l'institution, il était très difficile d'échapper à la séquestration. [...] Pendant que le monde était protégé de sa présence, la mère célibataire vivait réduite à un état d'infantilisme.

André Lévesque, La norme et les déviantes, les éditions du remue-ménage, 1989, pp.126-127-128

"Dans la société québécoise des années cinquante, les fruits d'unions défendues menaçaient l'image véhiculée par les autorités religieuses et civiles, celle d'une société traditionnelle aux moeurs chastes. Il fallait donc les en exclure et les punir. L'Eglise catholique et le système psychiatrique se chargèrent de la besogne. (...) Mais qu'avaient, au juste, fait les enfants de Duplessis: absolument rien. Dès leur naissance, dès leur conception même, ils constituaient une menace. Comment donc rester insensible devant un tel exemple de victimisation?"

David Cohen, Université de Montréal, "Les enfants de Duplessis, des prisonniers politiques?", Le Devoir, 31 octobre 1992, p.12.

Des mesures politiques à ce oint barbares ne peuvent qu'entraîner des conditions de vie inhumaines pour les enfants de mères nécessiteuses et, surtout, pour les orphelins. En 1949, un journaliste publie des articles dans un journal de Toronto sur le triste sort réservé aux enfants des orphelinats du Québec. Ces articles font scandales. Jeune chroniqueur au Devoir, Gérard Pelletier mène à son tour une enquête sur le sujet. Son reportage révèle l'ampleur de la misère des enfants abandonnés. Dans un ouvrage récent, Pauline Gill dénonce les conditions affreuses faites aux "enfants du péché", aux orphelins et aux exclus de la société. D'où le titre Les enfants de Duplessis Pour la vérité de l'histoire, il importe de dire que ce n'est pas Duplessis qui a mis au point de régime moyen-âgeux. Ce n'est pas non plus la politique est qui est la première responsable, ici ou ailleurs, du malheur des enfants, mais la religion catholique et le protestantisme puritain. (... ) Duplessis, même s'il l'avait voulu, n'aurait pas disposé des moyens financiers ni de l'autorité morale pour mettre un terme à tous les abus. C'est tout le régime en vigueur, y compris la propriété et le contrôle des institutions par les communautés religieuses qu'il lui aurait fallu saborder.

Léon Dion, Québec 1945-2000. Les intellectuels et le temps de Duplessis,
tome 11, Les Presses de l'université Laval, Sainte-Foy, 1993, pp. 105-106.

"Je pense que d'abord il faut établir que notre époque ou notre société actuelle peut se permettre un jugement rétrospectif sur son histoire sociale du Québec, sur l'éthique sociale contemporaine. Y'a une morale sur la base de laquelle on peut juger ce passé-là."

Jacques Beauchemin, sociologue, Université du Québec à Montréal, Droit de parole, (sur les orphelins de Duplessis), Radio-Québec, 27 janvier 1995

Il y a une seule chose dont les communautés ont à s'excuser, c'est qu'elles avaient les moyens, à ce moment-là, de résister au gouvernement et de les faire agir et elles ne l'ont pas fait. Et les autorités religieuses de la même manière.

Maisonneuve à l'écoute Gérard Pelletier commente la série "Les orphelins de Duplessis", RDI, le 23 mars 1997

2. Les filles-mères: forcées d'abandonner leurs enfants

"On ne peut pas oublier le travail extraordinaire de centaines d'hommes et de femmes qui ont donné, pour certains, toute leur vie à s'occuper d'enfants qui leur étaient tombés littéralement sur les bras et qui n'étaient tout de même pas allés chercher."

Mgr Pierre Morissette, Maisonneuve à l'écoute, RDI, 15 septembre 1999

"On s'efforce de les faire signer avant l'accouchement, m'expliquait une ex-éminente personnalité du monde de l'adoption, de façon à ce que la mère ne voie pas son enfant. Si on permet qu'elle le serre dans ses bras mêne une seule fois, l'affaire est compromise."

Jacques Hébert, Scandale à Bordeaux, Les éditions de l'Homme, 1959, p.23

Il ressort des divers témoignages que j'ai recueillis que de fortes pressions sont faites auprès des filles-mères pour les engager à abandonner leur enfant. Celles qui croient qu'on leur a forcé la main pour les dépouiller d'un droit naturel n'ont pas manqué d'élever de véhémentes protestations. (...) Personne n'a le droit, sauf dans les cas de cruauté et de tactiques de corruption, de ravir un enfant de force aux auteurs de ses jours.

Arthur Prévost, Tout la vérité sur La fille mère et son enfant, Les Editions princeps, 1961, p.142.

Il n'est point d'enfants "illégitimes". Tout enfant, de par sa naissance même est légitime et devrait avoir plein droit au secours des lois. (...) Il faut voir la pression, les fourberies, les obséquieuses affirmations de fausse amitié qu'utilisent certaines (et parmi les plus connues) sociétés d'adoption pour enlever leurs enfants à ces infortunées. Tout est mis en oeuvre pour atteindre ce but: découragement de se sentir abandonnées; leur incapacité occasionnelle de payer la pension du petit; le fait que, parfois, elles sont empêchées par les circonstances d'aller visiter durant un certain temps. D'ailleurs, ces visites, on fait ce qu'on peut pour les empêcher: jusqu'à établir à des moments coïncidant avec les heures de travail des la mères.

Arthur Prévost, La fille-mère et son enfant, Editions Princeps, 1961, p.14

"Mais, ces patronymes n'indiquent aucunement la véritable filiation de l'enfant. Les autorités, gardiennes de la tenue des registres de l'état civil falsifiaient les documents au gré de leur fantaisie et des contraintes imposées par une société puritaine. (...) L'attestation d'abandon signée par la mère célibataire n'a de valeur que morale. Elle ne constitue pas un document légal admis par les tribunaux".

Reine Landry, Le cri de l'adopté, Stanké, 1984, pp..61 et 122.

3. L'orphelinat, l'asile ou la rue

"Le choix qui s'offrait, c'était de les laisser dans la rue ou de les prendre."

Cardinal Jean-Claude Turcotte, Maisonneuve à l'écoute, RDI, 15 septembre 1999

"Des orphelinats comptant des enfants non dénués de tout soutien ne pourraient plus recevoir les illégitimes qui sont censés quitter les crèches à six ans. D'où congestion dans les crèches qui auraient à prendre soin d'un groupe scolaire, parfois sans local approprié et sans personnel suffisant. La loi du plus grand bien, en suggérant de donner la priorité à ces enfants plus abandonnés, se trouvera à restreindre la liberté des parents légitimes".

Albert Plante, s.j., "Placements institutionnels et familial", Relations, janvier 1947, p.8.

Pour certaines gens à l'heure actuelle la cause est définitvement entendue et le verdict ne fait aucun doute: le placement familial est non seulement la meilleure méthode de protection de l'enfance, il est la seule intelligente, la seule scientifique."

Arthur Saint-Pierre, L'Oeuvre des Congréations religieuses de charité, Montréal, Editions de la Bibliothèque canadienne, enrg., 1932, p,17

Que le seul placement familial à recommander en faveur des orphelins et des illégitimes est celui de l'adoption par des familles hors de tout soupçon. Que l'autre mode de placement familial, à savoir à titre de pensionné individuel de l'Etat, est toujours dangeureux, facilement commercialisé, et incline à multiplier les pupilles de l'Etat.

Mgr Rodrigue Villeneuve (préface), dans Témoignages sur nos orphelinats, de Arthur Saint-Pierre, Fides, 1946, p.11

"Trop souvent, des enfants pour lesquels les parents payaient la pension et qui normalement n'avaient aucune raison de s'y trouver occupaient les places normalement dévolus aux orphelins. On les accepte parce qu'il n'y a pas d'école appropriée dans les environs sommes plus élevées que l'Etat, mais qui sont moindres, cependant, que celle exigées par des internats proprement dits".

Alice Poznanska, "La protection de l'enfance, un sujet interdit", Cité libre, no 67, mai 1964, p.18. (L'auteure est mieux connue sous le nom d'Alice Parizeau.)

Alors que partout en Amérique on procède au démentèlement des vastes asiles d'aliénés, au Québec on entreprend un ambitieux programme de construction (...) entre 1944 et 1960 (...) C'est justement dans cette période (...) que le nombre de transferts d'enfants aux hôpitaux psychiatriques est le plus grand.

Micheline Dumont, historienne, Université de Sherbrooke, citée par Marie Riopel, Le passé plus qu'imparfait, Présence Magazine, vol.8, no 61, octobre 1999, p.19.

Je me souviens entre autres d'une petite fille bonne femme qui nous est arrivée à Saint-Jean-de-Dieu en provenance d'un crèche et qui avait un quotient intellectuel de 125. Mais il nous a fallu au moins six mois pour lui trouver une place dans un orphelinat normal. Les établissements étaient surpeuplés.

Soeur Gilberte Villeneuve, "Des soeurs se vident le coeur", Actualité, juillet 1999, p.17.

4. L'éducation: une priorité pour la société

"A cette époque, l'éducation des enfants ne constituait pas une priorité pour la société."

Mgr Pierre Morissette, Les orphelins de Duplessis, texte de la déclaration officielle, Cap-de-la-Madeleine, 15 septembre 1999, p.4.

Par leurs études expérimentales auprès de primitifs, des anormaux et des malades, les sciences médicales et psycologiques ont remis en actualité la question de l'éducabilité.

J.-C. Miller et Alphonse Pelletier, "Un problème médico-pédagogique: l'éducabilité", Laval médical, Vol.3, no 7, septembre 1938, p.229

"En rapport avec ce projet, nous aimerions souligner qu'après une sérieuse analyse du rapport présenté par les autorités du Mont-Providence, nous avons constaté qu'une proportion assez considérable d'enfants appartiennent à une catégorie supérieure de décicients mentaux, et à cause de leur quotient d'intelligence devraient normalement tomber sous la tutelle de la Commission scolaire".

Lettre de Soeur Jeanne Leber, supérieurre, 4 novembre 1952

Cette question a d'ailleurs donné lieu à de nombreux débats depuis la fin du 19e siècle, car la hiérarchie catholique s'est toujours farouchement opposée à l'adoption d'une loi en ce sens. L'Eglise doit réviser ses positions lorsque le pape lui-même impose l'instruction obligatoire dans la Cité du Vatican en 1931. Il faudra, malgré cela, encore dix ans de débats, les enquêtes révélatrices du Département de l'Instruction publique et la détermination du gouvernement Godbout pour que l'instruction devienne obligatoire au Québec. (...) La loi de 1942, qui entre en vigueur en septembre 1943, impose, sous peine d'amende pour les parents, la fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans et abolit les frais de scolarité à l'école primaire publique. En 1944, la gratuité est étendue au cours primaire complémentaire en même temps qu'est établie celle des manuels scolaires.

Yves Vaillancourt, sociologue, UQAM, L'évolution des politiques sociales au Québec, 1940-1960, Boréal, 1988, p.102

"Dans l'après-guerre, les questions d'éducation soulèvent un intérêt considérable. Y concourent la croissance démographique rapide et le retour de la prospérité qui encouragent l'investissement individuel et collectif dans la scolarisation, l'ouverture sur le monde et la volonté de rattrapage ou de modernisation."

Linteau-Durocher-Robert-Ricard, historiens, Histoire du Québec contemporain, Boréal compact, 1989, p.338.

"Pierre Foucault, docteur en psychologie clinique, écrit que notre société ajoute "l'école" à l'hôpital" comme substitut, sinon comme palliatif à "l'absence, aux carences de leurs parents". Quelques décennies plus tard, tout en abrogeant les deux lois de 1869, la "Loi des écoles de protection", adoptée en 1951, maintiendra le modèle scolaire comme modèle d'organisation des services pour les enfants en difficulté."

Pierre Foucault, "Héberger, corriger, réadapter...", P.R.I.S.M.E., vol 3, no 4, automne 1993, p.467.

"La Commission Garneau fonde un grand nombre de ses recommandations sur un document intitulé "Standards de Genève sur le placement des enfants" (SDN, 1924). Entre autres, elle tient à affirmer le principe qu' "il ne suffit pas que l'enfant ait de quoi se nourrir, se vêtir et s'abriter. Il s'agit de développer un être qui sent, pense et agit". On retrouve là les éléments d'un nouveau discours sur l'enfance qui, comme on le sait, connaîtra un développement par la suite."

René Joyal, sciences juridiques, UQAM, Bulletin d'histoire politique, vol.8, no 1, automne 1999, p.185

5. Le dévouement des religieuses

"Si cette époque a connu son lot de misères et d'erreurs, elle se caractérise aussi de nombreux exemples de grand dévouement. Il nous faut mentionner ici les milliers de religieuses et de religieux qui oeuvraient dans ces orphelinats mais aussi dans des institutions spécialisées."

Lucien Bouchard, Premier ministre, Déclaration à l'Assemblée nationale, 4 mars 1999

"Il serait trop facile de crier "dévouement" ou "charité" et de passer outre. Quand on accepte une tâche de ce genre, le dévouement ne suffit pas; il faut aussi de la compétence. Quand à la charité, c'est précisément la vertu chrétienne la plus vigilente, celle qui, pour être authentique, doit s'adapter aux nécessités du temps et de refuser les compromis qui deviendraient des complicités."

Georges Dufresne, Qui opprime les malades mentaux, Cité libre, no 40, octobre 1961, p.19.

Des religeux et des infirmières étaient généreux et compatissants, d'autres sadiques et cruels, s'abandonnaient à leurs penchants morbides. Soumis à des tâches dégradantes, parfois considérés comme des aliénés, plusieurs de ces enfants n'ont eu pour existence qu'un long martyre. "

Dion, Québec 1945-2000. Les intellectuels et le temps de Duplessis
tome II, Les Presses de l'université Laval, Sainte-Foy, 1993, p. 107.

"Certaines religieuses ont raison d'être bouleversées et troublées comme elles le disent. Au regard de leur engagement personnel, certaines d'entre elles ne méritent pas l'opprobre public. On peut comprendre que les religieuses se défendent des accusations dont elles font, selon elles, injustement l'objet. Il est en effet regretable de laisser entendre que les religieuses soient les seules responsables des faits reprochés. Précisons que, plus souvent qu'autrement, les agresseurs étaient des individus qui faisaient partie du personnel laîque. C'est pourquoi les cas individuels d'agressions ne doivent pas servir exclusivement à faire le procès de ces religieuses."

Bruno Roy, Mémoire d'asile, Boréal, 1994, p.177.

"Attention, pas de malentendu: la dramatique de Radio-Canada (Les Orphelins de Duplessis) n'instruit pas le procès des religieuses..."

Didier Fessou, "L'enfer est pavé de bonnes intentions", Le Soleil, 12 mars 1997, p.C-4.

D'ailleurs, la série le montre bien, il y a des religieuses qui avaient tout à fait l'attitude qu'il fallait vis-à-vis des enfants.

Maisonneuve à l'écoute Gérard Pelletier commente la série "Les orphelins de Duplessis", RDI, le 23 mars 1997

"Si les évêques étaient moins prudents et plus justes, après des excuses aux orphelins de Duplessis, ils auraient ajouté: aux soeurs aussi il faudrait présenter des excuses."

Jean Larose, écrivain et professeur, Université de Montréal, "L'humanité de Duplessis", Le Devoir, les 25 et 26 septembre 1999, p.A-13.

6. Main d'oeuvre à bon marché

"Ce travail sert de thérapie occupationnelle pour les enfants et semble d'abord organisé en vue de réduire les frais d'administration de la maison."

Le Conseil des Oeuvres de Montréal, La classification des enfants et l'organisation des classes au Mont-Providence. annexe au Rapport Bédard, 1960, p.42.

"Certaine école d'industrie, par exemple, située dans un petit village rural, confie directement certains de ses sujets à des cultivateurs sans que la Société de Protection de l'Enfance ait été avertie. Et cette institution ne dispose ni d'un service social adéquat pour conduire les enquêtes, ni de visiteurs attirés pour visiter l'enfant dans son foyer d'adoption. C'est la porte ouverte aux pires exploitations de la part des cultivateurs intéressés qui imposeront au garçonnet des tâches bien au-dessus de ses forces."

Gérard Pelletier, "Histoire des enfants tristes", Le Devoir, 27 juin 1950, p.4

"En effet, au temps de l'adolescence, alors qu'il faut les lancer dans la vie, ces êtres, que rien n'a préparé à vivre dans le monde, sont confiés bien souvent à des soi-disant nourriciers qui les maltraitent ou les exploitent. Cette enquête a révélé, par plusieurs cas incontestables, que ce système entretient dans notre société une chose dont le nom lui fait horreur: l'esclavage."

Arthur Prévost, Toute la vérité sur la fille-mère et son enfant, Montréal, Editions Princeps, 1961, p.146.

"L'hospitalière poussait à la productivité. Sa thérapie tenait des travaux forcés; c'était d'autant plus patent que deux ou trois de ses meilleures ouvrières, dont Hélène Brazeau, étaient attachées à leur banc de travaille par la cheville."

Jacques Ferron, médecin et écrivain, La conférence inachevée, VLB éditeur, 19 , p.40.

"A l'asile, on nous a fait la classe jusqu'en 4e année. Après, plus d'argent, on a retiré les enseignants. D'où les nombreux analphabètes. On nous a mis au travail du matin jusqu'au soir, sans un sous, ni amour ni affection. La plupart des religieuses étaient rigides et froides."

Vincent de Villiers, directeur des Compagnons, Les enfants de Duplessis, Journal de Montréal, 19 mai 1989, p.12.

"A 16 ans, ils quittent les institutions pour se retrouver dans un monde dont ils ignorent tous les rouages. Ils n'ont aucune notion de l'argent et ne sont nullement préparés pour entrer sur le marché du travail mais la plupart (60%) iront travailler comme aide-fermier sur une terre de cultivateur."

Soeur Gisèle Fortier, porte-parole des communauté.s religieuses, Le profil de l'orphelin, dossier de presse, le 30 novembre 1992

Et que faire des enfants non adoptés qui avaient atteint l'âge de sept ou huit ans?  La plupart étaient remis aux hôpitaux généraux, ou psychiatriques où les autorités les obligeaient à travailler. "

Léon Dion, Québec 1945-2000. Les intellectuels et le temps de Duplessis,
tome 11, Les Presses de L'université Laval, Sainte-Foy, 1993, p. 107.

7. Un milieu systémique de discrimination

"Les gens ne se reconnaissent pas du tout avec le portrait qui est donné, avec ce milieu-là, un milieu systémique de violence, un milieu d'abus sexuels."

Cardinal Jean-Claude Turcotte, Maisonneuve à l'écoute, RDI, 15 septembre 1999.

Les enfants qui nous étaient référés ou les personnes qui nous étaient référées étaient toujours sur ordonnance médicale.

Soeur Gisèle Fortier, Bonjour Grand reportage, CJFP (RM), Rivière-du-Loup, 3 mai 1999.

"Et nous croyons raisonnable de conclure que la plupart des retardés, qui forment la majorité de nos illégitimes non adoptés ne le sont pas de naissance mais le deviennent à cause du système. En d'autres mots, si dure que cela puisse paraître cette affirmation, nos crèches fabriquent des retardés mentaux que nous ne parvenons pas ensuite à rééduquer."

Gérard Pelletier, "Histoire des enfants tristes", Le Devoir, 23 juin 1950, p.4.

"Enfin, plus tard, un quatrième juge décida de fermer le dossier. En toute légalité, je n'en doute pas, mais les avocats que j'ai consultés à ce sujet ne comprennent guère comment on peut fermer le dossier d'un prévenu sans l'avoir entendu, sans l'avoir jugé. L'explication possible, c'est que le médecin-chef de Bordeaux avait alors décrété que Pierre Dupont était bel et bien un aliéné. Mais comment arriver à pareil conclusion sans avoir soumis le jeune homme à des examens psychiatriques sérieux... (...) En 1955, le médecin-chef de la prison de Bordeaux avait décidé que Pierre Dupont était sain d'esprit. Le diagnostic de cet homme tout puissant rendait possible la tenue d'un procès: "A l'examen, (il) présente ni délire, ni psychose en évolution. Il est bien orienté dans le temps et l'espace. Son comportement à la prison n'offre rien d'anormal. Son niveau intellectuel est quelque peu inférieur à la moyenne, mais pas au moint de l'empêcher de distinguer le bien du mal. Je n'ai donc pas les éléments qu'il me faut pour considérer (Pierre Dupont) comme un malade mental". (...) Deux ans plus tard, soit le 4 avril 1957, le même médecin-chef rend un diagnostic absolument contraire: "A l'examen, (Pierre Dupont) se présente comme un arriéré mental dont le quotient intelectuel est considérablement inférieur à la moyenne. Sur fond de débilité intellectuelle, sont venus se greffer progressivement des troubles sérieux de caractère et du comportement. (...) A mon avis, (Pierre Dupont) est un malade mental et un être dangereux. Je recommande l'admission à l'Hôpital de Bordeaux, pour fins de traitement". Or, détenir un individu qui n'a pas comparu devant un tribunal sans fournir immédiatement une preuve de son aliénation mentale, c'est non seulement une illégalité mais un grave déni de justice".

Jacques Hébert, Scandale à Bordeaux, Les éditions de l'Homme, 1959, pp.113-117 et 124.

"C'est le médecin qui, théoriquement, se situe en haut de la hiérarchie, mais son influence se fait bien peut sentir dans la salle. En pratique, c'est la religieuse hospitalière qui constitue la figure d'autorité, établit les règles... (p.10)

Si un malade s'agite et trouble l'ordre, c'est la plupart du temps l'officière qui de jour ou de nuit donne le médicament qui lui paraît approprié, qui donne l'ordre de placer le malade en cellule ou d'employer la contrainte ou de le transférer dans une autre salle, quitte à faire signer le médecin à sa prochaine visite. C'est elle qui possède la clé du tiroir des dossiers. (p.12)

Les inconvénients que nous venons de signaler ne se produiraient pas si le médecin exerçait effectivement et pleinement son autorité... (p.21)

Sur plusieurs départements, l'infirmière psychiatrique laïque se trouve donc sous la direction d'une religieuse sans formation."

Rapport Bédard, Commission d'étude des hôpitaux psychiatriques, Ministère de la Santé, mars 1962, p.41.

"L'étude de quelques dossiers, pris au hasard dans chacun des départements a démontré clairement que l'évaluation de la déficience mentale du jeune malade laisse grandement à désirer avant et après son admission à l'hôpital. Il ne fait pas de doute que sans le bénifice d'un diagnostic posé par un psychiatre pour enfants et sans les examens psychologiques, l'hôpital est susceptible de considérer comme débiles non-éducables des enfants qui ne le sont pas."

Rapport Bédard, Commission d'étude des hôpitaux psychiatriques, Ministère de la Santé, mars 1962, p.105.

"Avec quatre lits psychiatriques par 1,000 habitants, (les hôpitaux compris dans notre étude comptent plus de 20,000 lits), la Province de Québec ne manque donc pas de lits: à la condition cependant que l'on sorte des hôpitaux ceux qui occupent sans raison valable, ces nombreux lits. (...) La Commission est convaincue que des centaines de malades continuent d'habiter nos hôpitaux mentaux, alors que leur état mental ne requiert pas l'hospitalisation."

Rapport Bédard, Commission d'étude des hôpitaux psychiatriques, Ministère de la Santé, mars 1962, pp.131-132.

LE MONT-PROVIDENCE. - "Le Ministère provincial de la Santé, à cause de l'interprétation du Gouvernement fédéral, exprime donc l'opinion, le 17 août 1953, qu'il est impossible de maintenir cette oeuvre sous forme actuelle, parce que le Gouvernement fédéral menace de retirer sa contribution. Pour se plier aux exigences de la Constitution canadienne, on suggère donc de prendre les mesures nécessaires pour que l'immeuble puisse servir à l'hospitalisation des non-éducables (pp.8-9)."

"Au point de vue légal, les enfants du Mont-Providence sont des internés, en vertu de la Loi d'internement. On s'autorise de cette loi pour prohiber les sorties des enfants en groupe et les sorties des enfants sans famille. Cette loi et son application stricte rendent pratiquement impossible toute collaboration avec les agences sociales de placement ou de réhabilitation. Son interprétation est aussi source de graves injustices dans un certains nombre de cas (pp.8-9)."

"A la fin de l'année scolaire 1953-54, les enfants qui ont une famille vont passer leurs vacances chez eux. Au cours de l'été 1954, les parents furent avertis de ne pas retourner leur enfant au Mont-Providence, étant donné les nouveaux règlements. Quant aux enfants illégitimes, ils devinrent des internés. Environ 370 enfants, tous déficients mentaux éducables, se trouvèrent dans cette situation (p.11)."

Annexe au Mémoire sur la classification des enfants et l'organisation des classes au Mont-Providence, janvier 1962, p.11.

"D'immenses écoles ou garderies "deviennent des succursales et des entrepôts où Saint-Jean-de-Dieu et Saint Michel Archange peuvent maintenant y déverser à volonté le trop-plein de leur clientèle."

Rapport Bédard, Commission d'étude des hôpitaux psychiatriques, Ministère de la Santé, mars 1962, p.129.

"En 1954, l'annexion du Mont-Providence à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu permet d'y transférer 400 enfants de moins de 14 ans jugés éducables. En cette même année, on y effectue 21 lobotomies, 12 castrations et 11 hystéroctomies, de même que plusieurs centaines d'électrochocs."

Bernard Courteau, De Saint-Jean-de-Dieu à Louis-H.-Lafontaine, Montréal, Editions Méridien, 1989, p.115.

"L'hôpital psychiatrique devient ainsi la seule destination au sortir de l'orphelinat, le diagnostic était davantage un bordereau de transfert qu'une véritable analyse du comportement."

Micheline Dumont, historienne, Université de Sherbrooke, "Des religieuses, des murs et des enfants" L'Action nationale, avril 1994.

"Les médecins qui ont jadis posé des diagnostics de complaisance ont violé l'éthique médicale. Sur ce point, le Collège des médecins du Québec pourrait présenter ses excuses aux orphelins de Duplessis. (...) Non, mais il ne s'agit pas d'intenter le procès de toute la médecine. Seuls quelques médecins et, parmi eux, des psychiatres, ont mis leur expertise à la disposition des pouvoirs de l'époque, l'Etat et les communautés religieuses, afin de recevoir, pour les gens dont ils avaient la charge, des subventions du gouvernement fédéral. Ces médecins, aujourd'hui, morts ou âgés, se sont prêtés à de faux diagnostics. Une pratique inacceptable, même d'après les normes de l'époque. Il n'y a aucune excuse."

Dr Frederic Grunberg, "Le collège des médecins devrait présenter ses excuses" L'Actualité médicale, vo.20, no 13A, avril 1999, p.3.

8. Un négociateur puissant: le cardinal Léger

"J'ai de la difficulté à croire que l'Eglise d'aujourd'hui <<couche avec le pouvoir>> comme l'on supposément fait certains de nos prédécesseurs."

Les grandes entrevues de Pierre Maisonneuve, Jean-Claude Turcotte, l'homme derrière le cardinal, Novalis, 1998, p.122.

"Dans sa lettre du 28 juillet 1953, le docteur Jackson a informé la province qu'il fallait s'attendre à une réduction du montant de notre contribution à ce projet au cours des trois ou quatre prochaines années. Lors d'une conversation avec le docteur Grégoire au cours de ma récente visite à Québec, on m'a dit que le ministre provincial de la Santé avait envoyé une note très ferme aux autorités de cette cette institution pour qu'elles admettent des enfants non éducables et des idiots. De plus, le ministre a affirmé que sa suggestion devrait être mise en vigueur d'ici un an.

O. Leroux, m.d., MÉMO pour le dossier du Mont-Providence, 2 septembre 1953.

Quand les Autorités du Mont-Providence rencontrent des problèmes difficiles, elles s'empressent de recourir à leur ami et protecteur de Québec.

Lettre de Soeur Jeanne Leber, supérieurre , le 4 novembre 1952.

"Nous vous sommes très reconnaissantes, Eminence, de la part active que vous avez apportée à l'obtention précieuse qui assurera la survie de notre oeuvre de la Rivière-des-Prairies".

Lettre de l'Assistante générale au Cardinal Léger, 24 mai 1954, Archives des Soeurs de la Providence

"Il est évident que son Eminence est convaincue que le gouvernement provincial ne nous aidera pas; avouons que seules nous ne pouvons maintenir une oeuvre qui menace d'ébranler nos finances et le crédit de la Communauté".

Lettre de la Supérieure générale à l'Assistance générale, 9 février 1954, Archives des Soeurs de la Providence

"Le Cardinal insiste pour que les religieuses ajoutent "une autre oeuvre à celle des arriérés mentaux...". "Si vous aviez là des idiots (sic), dit-il, vous auriez la sympathie des autorités gouvernementales qui viennent de voter huit millions pour les aliénés... (...) Québec versera à la congrégation les trois millions promis, mais, pour chacun des trois versements, le cardinal Léger doit intervenir, le gouvernement ne consentant à l'expédier qu'après en avoir été prié par lui."

Sous la direction de Marie-Paule Malouin, L'Univers des enfants en difficulté au Québec, 1940-1960, Montréal, Bellarmin, 1996, pp.351 et 366.

9. Détournement de subventions

"Or, le fédéral ne s'était pas rendu compte que ce serait un établissement d'enseignement, relevant du département de l'Institution publique - donc de juridiction provinciale." (...) Nous avons toutefois fini par céder, car nous n'avions plus la capacité financière pour continuer d'administrer l'établissement. Mais nous étions tellement opposés à ce changement que, après la transformation du Mont-Providence en hôpital annexe de Saint-Jean-de-Dieu, nous avons poursuivi l'enseignement en cachette.

- Vous fraudiez le gouvernement fédéral!

- Oui. Absolument".

Soeur Gilberte Villeneuve, "Des soeurs se vident le coeur", Actualité, juillet 1999, p.17.

"De fait, le gouvernement provincial, s'il voulait agrandir des hôpitaux psychiatriques, devait compter sur le gouvernement fédéral pour des subventions."

Soeur Gisèle Fortier, Bonjour Grand reportage, CJFP (RM), Rivière-du-Loup, 3 mai 1999.

"Le Service des allocations, et c'est là une politique bien consciente, s'oppose absolument à ce que les allocations soient versées en bloc à l'administration générale d'une institution d'enfance et perdues dans les frais généraux de la maison".

Gérard Pelletier, Histoire des enfants tristes, Le Devoir, 30 juin 1950, p.4.

"Pour contenir l'élargissement de l'intervention étatique dans le champ de la santé et du bien-être, l'Eglise se devait de réorganiser et d'améliorer son propre système, de façon à rendre certaines de ses composantes davantage éligibles aux subventions de l'Etat provincial, qui devenaient attrayantes au moment où les coûts de fonctionnement des institutions d'assistance augmentaient et où les sources de la charité privée commençaient à tarir. (...) Il s'en suit que, quand le gouvernement provincial remet aux Soeurs de la Providence la subvention pour construction d'hôpital accordée par le fédéral, il sait fort bien qu'il "détourne" cet octroi de sa fin officielle."

Yves Vaillancourt, sociologue, UQAM, L'évolution des politiques sociales au Québec, 1940-1960, 1988 p.230 et 321.

"En 1950, l'Ecole Emilie-Tavernier et ce qui demeure de l'Institut Médico-pédagogique, sont transférés à Mont-Providence confirmant ainsi sa vocation envers la déficience."

Bernard Courteau, écrivain, De Saint-Jean-de-Dieu à Louis-H.-Lafontaine, Montréal, Editions Méridien, 1989, p.108.

"D'autre part, l'attitude du cardinal Léger laisse entendre qu'il ne conteste pas l'usage que le gouvernement entend faire de ses ressources: lui non plus n'est pas prêt à se battre pour l'éducation d'enfants en difficulté".

Sous la direction de Marie-Paule Malouin, L'Univers des enfants en difficulté au Québec, 1940-1960, Montréal, Bellarmin, 1996, p.354

  • - Le journaliste Dussault - "Est-ce que les analyses de messieurs Poirrier et Lauzon à l'Université du Québec... êtes-vous d'accord que c'était plus payant d'avoir un hôpital psychiatrique que d'avoir une école?"
  • - Soeur Levac - "Dans les deux cas, nous étions en déficit."
  • - Le journaliste Dussault - "Mais, moins en déficit que si c'était resté une école?"
  • - Soeur Levac - "Et... peut-être, peut-être moins en déficit, parce que on avait... on a eu moins de... moins dépense. Eh... on n'avait pas à payer les professeurs."

Soeur Marie-Paule Levac, Le Midi 15, SRC Radio, 28 avril 1999.

"Le gouvernement fédéral s'en lave les mains à tort. Comment se fait-il qu'il n'ait pas questionné le fait qu'au Québec on se retrouve avec une telle recrudescence d'enfants idiots? (...) Maurice Duplessis a fait une lutte de pouvoir contre le fédéral sur le dos des enfants illégitimes."

Pauline Gill, écrivaine, Le passé plus qu'imparfait, Présence Magazine, vol.8, no 61, octobre 1999, p.17.

"A la construction de l'école, Ottawa a donné des sommes d'argent dans le cadre d'un programme d'aide aux hôpitaux. Les sommes transitaient par le ministère québécois de la Santé et étaient remises aux religieuses. Lorsqu'il découvre en 1953, que les sommes avaient été versées à une école, le fédéral exige le remboursement de ces argents au gouvernement québécois."

Marie Riopel, "Le passé plus qu'imparfait", Présence Magazine, vol.8, no 61, octobre 1999, p.17.

... que l'oeuvre changeait, que ça devenait un hôpital. Elle avait pris soin de dire, par exemple, il y a toute sorte de thérapie, dorénavant, je vais appeller ça de la thérapie, vous continuerez à enseigner comme vous le faites. Alors ce sera une thérapie plutôt que de l'enseignement mais en réalité on enseignait, dans le fond, clandestinement. Ça nous était défendu.

Soeur Ursule Cantin, Adieu, mes soeurs, Denise Bombardier, SRC.


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